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كلمة الأمين العام في   المؤتمر الدولي  للشغل

كلمة الأمين العام في المؤتمر الدولي للشغل

Monsieur le Président de la conférence,

Monsieur le Directeur Général du Bureau International du Travail,

Mesdames et messieurs les représentants des gouvernements et des employeurs et des organisations de travailleurs,

Permettez-moi tout d’abord de vous dire l’honneur de m’exprimer devant vous au nom de la délégation des travailleurs marocains, à l’occasion de ce temps fort dans la vie de l’Organisation internationale du Travail, non seulement à travers la célébration du centenaire mais également à travers la réflexion sur l’avenir du travail.

Nous commémorons cette année le centenaire de notre institution internationale.  Cet anniversaire est non seulement une occasion de revenir sur ses nombreuses réalisations, mais aussi de mener la réflexion sur les voies à suivre.

Cent ans déjà depuis le traité de Versailles de 1919en passant par la déclaration de Philadelphie de 1944, et un parcours couronné par plus de 180 conventions constituant un corpus juridique international important.

Mais également un parcours qui fût laborieux où notre Organisation tripartite devait, à chaque fois, faire face aux mutations du monde du travail. Ces transformations qui se font plus profondes et très accentuées. 

Les répercussions de la crise économique et financière dans le monde sont multiples : les droits fondamentaux des travailleuses et travailleurs sont souvent attaqués et bafoués notamment le droit d’organisation et le droit de négociation collective, l’accroissement de la précarité, l’augmentation des inégalités, la persistance de la pauvreté et la détérioration de l’environnement. 

Alors, ces répercussions sont-elles préoccupantes ? 

La réponse est oui, voici quelques chiffres qui en disent long :

Plus de la moitié des travailleurs dans le monde relèvent de pays qui n’ont toujours pas ratifié les conventions N° 87 et 98  , plus de 190 millions de chômeurs , 61% de la population active travaille dans l’informel dont 85,8% en Afrique,  trois quart des travailleurs sont sans protection sociale, 29 millions victimes du travail forcé et environ 168 millions enfants exploités, 300 millions travailleurs vivent dans une pauvreté extrême, 2.3 millions travailleurs décèdent chaque année des suites d’un accident ou d’une maladie liée au travail.

Ces quelques manifestations de la mondialisation néolibérale dressent une bien sombre situation, alors quid de l’Avenir du Travail ? 

Un Avenir du travail marqué par la numérisation, la robotisation, l’intelligence artificielle et l’ubérisation qui privilégie la logique du nombre au détriment de l’Homme et qui soulève de grandes peurs.

L’expansion accélérée de l’automatisation, de la digitalisation et d’autres formes d’innovation technologiques, énergétiques et de production, engendrent de grands risques pour le monde du travail, notamment davantage de précarité, la hausse du chômage, l’augmentation de la mobilité, l’instabilité et l’émergence de nouvelles formes atypiques du travail.

La Commission mondiale sur l’Avenir du Travail de l’OIT prenant comme point de départ les énormes défis auxquels le monde est confronté ainsi que la probabilité de répercussions majeurs des changements technologiques sur les emplois et les compétences a axé ses travaux sur l’humain plaidant pour un nouveau contrat social assurant la protection des travailleurs.

Les recommandations importantes de la Commission mondiale que nous saluons vivement font un impératif de la réglementation et la protection des droits des travailleurs sujets à de nouvelles formes de travail. Ce qui nous fonde dans cette étape cruciale à militer collectivement pour prendre des décisions et des mesures concrètes afin de modeler justement ces nouvelles formes et d’en endiguer toutes conséquences néfastes.

Cela inclut l’établissement d’une garantie universelle avec la liberté d’association, la négociation collective, le salaire décent, l’interdiction du travail forcé, du travail des enfants et de la discrimination, la protection sociale, la sécurité du travail et au travail.

Mesdames et Messieurs,

Donner un nouvel élan au contrat social dans l’ère numérique doit susciter de nouvelles approches et de nouvelles normes pour les travailleurs, les employeurs et les gouvernements et exige la réaffirmation de l’indépendance et du mandat de l’OIT comme il nécessite le renforcement de son action normative et son pouvoir de contrôle par l’extension de ce même pouvoir sur les Etats, les entreprises et sur les institutions financières internationales. Il exige également la démocratisation des instances de gouvernance de l’OIT par une représentation équitable de la région Africaine.

L’économie numérique opérant dans un monde sans frontières, notre Organisation est plus que jamais appelée à jouer un rôle de premier plan pour définir les contours du travail de demain que nous voulons.  Gageons que ce centenaire sera l’occasion de renouveler l’engagement de la communauté internationale en faveur de la réalisation de l’objectif 8 de développement durable, de la justice sociale et de la paix.

S’agissant de la paix, j’en viens à la situation dans les territoires arabes occupés qui commémorent douloureusement cette année, le 71ème anniversaire de la “Nakba” et le 52ème anniversaire de l’occupation israélienne.

La situation des citoyens palestiniens dont notamment des milliers de travailleurs de Gaza contraints de franchir quotidiennement les obstacles de tous genre et assujettis à des conditions de travail désastreuses dans les colonies ou chez l’occupant et livrés à l’arbitraire patronal.

L’OIT conformément à sa mission doit soutenir son action en faveur du travail décent et de la justice jusqu’à la proclamation d’un État palestinien indépendant.

Monsieur le Président, Monsieur le Directeur Général, Mesdames et Messieurs,

L’avenir du travail exige de travailler tous ensemble et de conjuguer les efforts pour un avenir meilleur. Nous sommes optimistes et confiants que notre intelligence collective nous guidera pour trouver un équilibre, pour assoir les bases de l’avenir de l’OIT et pour sauver et renforcer le multilatéralisme. 

Œuvrons donc pour l’adoption d’une déclaration du centenaire qui redynamisera le contrat social et renforcera le rôle de notre Organisation authentique par son tripartisme. 

Je vous remercie de votre attention. ​

Genève le 13 Juin 2019