Allocution de Monsieur El MOKHAREK El Miloudi, Secrétaire Général de l’UMT – Délégué travailleurs Marocain à la 105ème conférence de l’organisation internationale du travail.
Madame la présidente de la conférence internationale du travail
Monsieur le directeur général du BIT
Mesdames, Monsieurs les délégués/es des gouvernements, des employeurs et des travailleurs,
Au nom de l’union Marocaine du Travail, je félicite tout d’abord le directeur général du Bureau International du ravail, Monsieur Guy Ryder pour son important rapport « Initiative sur l’éradication de la pauvreté », cette initiative qui devrait inscrire l’action stratégique de l’OIT en droite ligne du programme de développement durable à l’horizon 2030 adopté par les nations unies, lequel programme universel prolonge de 15 ans, les 8 objectifs du millénaire pour le développement.
Grâce à sa composition tripartite et forte de son action en faveur du travail décent, l’OIT est bien placée pour orienter, sinon piloter, les stratégies nationales que les 187 Etats membres auront à élaborer et implémenter ; le programme 2030 ayant un caractère normatif important sur la voie du développement durable.
L’OIT devrait mettre toute son expertise pour des normes élevées à même de protéger les travailleuses et travailleurs, à travers les campagnes de ratification et les plans de mise en œuvre des conventions fondamentales dont la convention 87 sur la liberté syndicale et la 98 sur les négociations collectives. Car seuls des standards élevés pourront empêcher la course effrénée vers les profits, les investissements improductifs et la concurrence déloyale qui sape les droits sociaux des travailleurs.
Ainsi nous aurons besoin de normes pour abolir la traite de la main d’œuvre, des normes spécifiques pour les femmes et les enfants, des normes pour rendre effectives l’égalité de traitement, lutter contre la précarité et l’exploitation. Nous aurons besoin de politiques d’intégration solides et inclusives en faveur des migrants, en faveur des réfugiés sur la base d’égalité de traitement. Nous aurons besoin de renforcer les normes de sécurité et de santé au travail pour empêcher que des drames du genre RANA PLAZZA ne se reproduisent.
Le travail décent reste le moyen le plus efficace pour lutter contre la pauvreté, dans la perspective d’une mondialisation juste. Et à ce propos, l’évaluation de la déclaration de 2008 sur la mondialisation requiert toute son actualité. La recommandation 71 demeure l’unique instrument international de l’OIT pour agir contre les crises, en se fondant sur l’agenda du travail décent, et ce, dans un cadre international cohérent.
Pour nous travailleuses et travailleurs, le travail décent requiert un salaire décent permettant au salarié et à leur famille de vivre dans la dignité, une protection sociale et médicale, et des conditions du travail conformes aux standards internationaux. La protection du droit syndical et des libertés qui en découlent, à savoir le droit à la négociation collective, le respect de l’exercice du droit de grève doivent occuper une place de choix.
Un cadre global pour les chaînes d’approvisionnements mondiales et un dialogue social transfrontalier et inclusif n’ont jamais été aussi urgents, compte tenu du caractère transfrontalier de telles sociétés de production, aussi bien interconnectées que dénouées de toute responsabilité à l’égard des travailleurs.
Dans plusieurs pays, dont le Maroc qui deviennent des ateliers des donneurs d’ordre, car présentant des avantages comparatifs, il est inconcevable que des droits fondamentaux des travailleurs n’obtiennent pas droit de cité dans les zones franches, zones où la liberté syndicale est dénigrée, le droit de grève est une aventure exposant les salariés à un risque, au vu et au su des autorités; et où le dialogue social relève de l’utopie.
Par ailleurs, le mouvement syndical Marocain et à sa tête l’Union Marocaine du Travail, fait face avec force aux politiques gouvernementales visant à marginaliser les organisations syndicales des travailleurs, à geler le dialogue social et les négociations et à combattre l’action syndicale.
Pour contrecarrer ces politiques impopulaires du gouvernement, des mouvements de protestation ont été menés ces derniers mois, dont une grève nationale vient d’avoir lieu avant-hier, le mercredi 31 Mai 2016, dans le secteur de la fonction publique et les collectivités territoriales, en protestation contre le retour sur les droits sociaux des fonctionnaires et des travailleurs, et contre le refus du gouvernement marocain d’ouvrir des négociations responsables et de bonne foi.
Enfin nous devons nous positionner pour une économie verte, des emplois verts et décents et une transition juste en faveur des travailleurs dans le cadre d’une économie résiliente face aux changements climatiques. Le mouvement syndical international dont le mouvement syndical marocain est partie intégrante, sera au grand rendez-vous à Marrakech le 7 novembre prochain pour la COP22 pour amener les Etats à respecter leurs engagements et à mettre en œuvre un des objectifs du développement durable de l’agenda de l’ONU 2030.
Merci pour votre attention